Depuis 20 ans, le CHU de Nantes accueille les enfants victimes de violences au sein d’une unité de pédiatrie référente. Et depuis 2010, il est également équipé d’une salle dédiée aux auditions des enfants.

« Aucun enfant victime de violences ne devrait être obligé de se rendre dans un commissariat ou une gendarmerie pour témoigner », lance Nathalie Vabres, pédiatre coordonnatrice de l’Unité d’accueil pédiatrique enfance en danger (UAPED) du CHU de Nantes. Cela fait plus de 20 ans qu’avec d’autres professionnels du service de pédiatrie, elle s’intéresse spécifiquement aux enfants victimes de maltraitances. Des professionnels référents ont appris à détecter les cas de violences, à lancer des informations préoccupantes et à assurer un suivi adapté à ces situations. Avec un crédo : accueillir, dépister, soigner, protéger.

Depuis 2010, le CHU dispose également d’une salle d’audition protégée pour les mineurs. Mise en place avec l’association la Voix de l’enfant, elle accueille des jeunes de 3 à 18 ans victimes de maltraitances qui peuvent ainsi être entendus dans un lieu sécurisant. « Le principe est d’avoir un lieu dédié à l’enfant. Pour n’importe quelle pathologie, les enfants sont suivis en pédiatrie. C’est normal qu’ils le soient aussi quand ils ont été victimes de violences. »

A l’UAPED travaillent une assistante sociale, trois médecins, deux psychologues et une puéricultrice. Employée à temps plein dans l’unité, cette dernière assure l’accueil de tous les enfants et leurs accompagnants. C’est le gendarme qui vient sur place pour réaliser les auditions dans une petite salle, pensée pour être la plus agréable possible. « Le gendarme est formé à ce type d’audition. Il sait mettre l’enfant en confiance, lui explique tout et lui pose des questions selon un protocole bien spécifique pour ne pas être suggestif, raconte Nathalie Vabres. En tant que soignant, nous n’intervenons pas dans cette audition. Mais nous pouvons échanger avec le gendarme dès que c’est terminé. »

Des unités généralisées dans toute la France

Après une vingtaine de minutes d’entretien filmé, l’enfant est reçu par un pédiatre ou un médecin légiste et un psychologue. « Notre rôle à ce moment-là, est de demander à l’enfant comment il va, ce qu’il ressent, mais plus de revenir sur les faits », indique Nathalie Vabres. Elle ajoute : « Nous avons choisi de faire cet entretien en commun avec la psychologue. Cela permet de faire circuler la parole de l’enfant qui en général n’est pas très à l’aise en face à face. Et pour nous, c’est un plus confortable car ces consultations sont souvent assez difficiles. Être plusieurs, nous permet de mieux voir, mieux entendre, mieux comprendre. »

Nantes est le second hôpital français à avoir mis en place cette salle d’audition protégée après Saint-Nazaire. Aujourd’hui, il en existe une soixantaine en France. L’an dernier, le secrétaire d’état à l’enfance et aux familles, Adrien Taquet, a annoncé vouloir les généraliser dans chaque hôpital de France.