Entretien avec Marianne Azemard, infirmière.

Depuis 2015, le service de gérontopsychiatrie du CHU de Nîmes fait pratiquer l’équithérapie à ses patients dépressifs. L’infirmière qui encadre les séances, Marianne Azemard, raconte les bienfaits de cette pratique très répandue en Suisse.

Comment cette initiative a t-elle été mise en place ?

C’est l’ancienne cadre du service, Nathalie Bessière, qui a monté ce projet au CHU de Nîmes fin 2015 en s’inspirant de ce qui se fait en Suisse. En fait, le contact avec les animaux, et en particulier les chevaux, peut atténuer voire soigner les troubles dépressifs. Après l’avoir observé et vérifié, le service de gérontopsychiatrie a décidé de proposer une séance par semaine à ses patients dépressifs. Une fois qu’un traitement médicamenteux a commencé à faire effet, on commence à les inciter à sortir. Ensuite, on organise trois séances au minimum avec le même patient à une semaine d’intervalle.

Comment se déroulent les séances ?

Tous les mardis, on constitue un groupe avec trois patients et deux accompagnants pour passer la matinée au centre équestre. Quand on arrive, on est accueillis par la responsable du centre qui présente les poneys aux patients. Les poneys, beaucoup moins nerveux que des grands chevaux, sont plus adaptés aux personnes âgées ou à mobilité réduite. Vient ensuite le temps des soins : les patients brossent les animaux, leur tressent la crinière, les caressent… En tant qu’accompagnante, j’ai pu constater à quel point ces séances facilitent le contact avec le patient. À la fin, s’il fait beau, on fait une balade en calèche et un pique-nique.

Comment réagissent les patients aux séances ?

Au début, rares sont ceux qui sont enthousiastes. On a toujours besoin de les stimuler, sinon ils resteraient couchés dans leur chambre, c’est le principe de la dépression. Mais après la première séance, ils reviennent avec beaucoup plus de plaisir, voire réclament l’activité. Si les plus anxieux s’apaisent beaucoup au contact de l’animal, c’est parce qu’il n’est pas dans le jugement. C’est un animal doux et calme. L’équithérapie non seulement les désinhibe - ils se mettent à discuter et à évoquer des souvenirs entre eux -, mais ils peuvent même oublier de réclamer leurs anxiolytiques le jour de la séance. Alors que la dépression peut les isoler, les patients me demandent parfois de prendre des photos pour les transmettre à leur famille. Je me souviens d’une dame qui a continué d’aller au centre équestre accompagnée par son fils bien après sa sortie de l’hôpital ! Comme quoi, l’équithérapie, ça marche.