En février, deux sages-femmes du centre hospitalier de Castres ont formé des étudiantes au Laos, pays touché par une forte mortalité infantile et maternelle.

Triste constat. Le Laos, en Asie du Sud-Est, affiche des taux de mortalité maternelle et infantile très élevés. Les causes sont multiples. Complications lors de la grossesse ou de l’accouchement, accès aux soins difficile, manque de professionnels de santé spécialisés… Pour tenter d’inverser la tendance, Mathilde Nègre, 32 ans, et Kevin Lemenicier, 30 ans, ont rejoint la capitale laotienne, Vientiane, sur les rives du Mékong. L’objectif de cette mission humanitaire ? Former la relève.

Pendant deux semaines, ils ont dispensé des cours à l’École nationale des sages-femmes. Devant une vingtaine d’étudiantes, ils ont abordé l’accouchement physiologique ou par le siège, l’hémorragie de la délivrance, l’accueil du nouveau-né ou encore l’utilisation du monitoring, etc. « Les bases scientifiques d’apprentissage des étudiantes sont identiques aux nôtres, les formatrices appliquent les mêmes protocoles. Mais les soignants manquent d’équipements techniques. Ils se débrouillent différemment. Nous avons aussi découvert des pratiques spécifiques, comme le recours quasi inexistant à la péridurale. C’est une autre façon de travailler, mais aussi de vivre sa grossesse et sa maternité. C’est très enrichissant », raconte Kévin Lemenicier. En 2017 et 2018, déjà, l’hôpital de Castres avait accueilli une gynécologue-obstétricienne laotienne et une formatrice de l’école de sages-femmes pour un stage d’observation.

Une vocation née au Bénin

Kevin Lemenicier et Mathilde Nègre n’en sont pas à leur coup d’essai humanitaire. Ils font tous les deux partie de la réserve sanitaire nationale (EPRUS), qui regroupe des professionnels de santé volontaires capables de répondre, du jour au lendemain, à toutes les crises sanitaires, en France comme à l’étranger. Avant le Laos, ils s’étaient envolés en 2018 pour Mayotte et sa plus importante maternité de France, avec une soixantaine d’accouchements par jour (contre 3 à 4 à Castres). « C’est important de transmettre notre expérience », insiste Kevin, en poste à la maternité du centre hospitalier de Castres-Mazamet depuis 2014. 

C’est d’ailleurs lors d’un voyage humanitaire au Bénin qu’il a trouvé sa voie. « J’étais aide-soignant à l’époque. Là-bas, ils ont aussi un rôle de sage-femme. J’ai effectué mes premiers accouchements », se souvient le maïeuticien. Grand amateur de voyage, Kevin est (déjà) prêt à repartir. Ce sera peut-être au Laos, de nouveau. La Fondation Pierre Fabre, qui soutient l’école de sages-femmes de Vientiane depuis 2015, prévoit en effet d’organiser ces voyages humanitaires chaque année. Kevin est volontaire.