Depuis 2010, le musée d’Art et d’Histoire de Dreux et le pôle santé mentale du centre hospitalier organisent des ateliers de médiation artistique pour les patients. Les effets sont bénéfiques autant pour les patients que pour les équipes soignantes !

« J’essaie d’avoir une approche ludique, qui permet de s’adresser à tout type de personne », explique Delphine Eristov, chargée des publics au musée, quelques minutes avant d’accueillir le groupe venu de l’hôpital. Ce jour-là est un jour particulier – seul deux patients du pôle santé mentale sont venus à l’atelier, les autres ayant été retenus par des examens médicaux. En revanche, deux étudiants en ergothérapie ont rejoint l’équipe constituée de deux ergothérapeutes.

Delphine Eristov s’adresse à Michel et Mostapha et leur propose : « Vous allez choisir l’endroit du musée où l’on s’installe. » Ils s’arrêtent devant un tableau du XVIIe siècle, représentant une religieuse en train de prier, encadrée de fleurs. Tout le monde s’assoit en rond. Delphine Eristov demande à chacun, y compris le personnel soignant, de décrire ce qu’il voit. Ensuite, il faut fermer les yeux, « entrer » dans le tableau et toucher mentalement un détail. « Je suis allée derrière la religieuse, j’ai touché son voile », dit Michel, une fois ses yeux rouverts. Quant à Mostapha, il affirme : « J’ai été avec les anges, c’était agréable. » Une fois l’observation du tableau terminée, tout le monde s’achemine vers l’atelier pour la séance de dessin. « On expérimente différentes techniques, de la gouache, de la peinture à l’huile, du pastel. Aujourd’hui, on va dessiner avec les doigts », précise Delphine Eristov. Et de donner la consigne générale : il faut peindre un tableau, abstrait ou figuratif, avec un détail caché, que l’on ne voit pas à première vue. Les ergothérapeutes discutent avec les patients avant de regagner leur place. Chacun se met à la création. Au bout d’une heure, les œuvres sont là.

Favoriser l’expression des émotions

Ces ateliers de médiation artistique sont le fruit d’un partenariat, formalisé par une convention, entre le musée et le pôle santé mentale de l’hôpital de Dreux. Tous les patients peuvent en bénéficier sur prescription médicale. « Nous les prescrivons pour deux raisons. D’abord, pour lutter contre la stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques. Ensuite, pour leur permettre d’exprimer leurs émotions et leurs affects à travers le médium qu’est l’art. Ils gagnent de la confiance en eux. La maladie les isole des autres et les enferme sur eux-mêmes ; les ateliers leur permettent de s’ouvrir, de se reconnecter au monde », explique Olivier Ferric, psychiatre. Quant à Margaux Lerivray, l’ergothérapeute qui accompagne les personnes au musée, elle estime : « Cette activité leur permet d’entraîner leur habilité sociale. Et ils nous voient autrement que dans un cadre hospitalier. On participe aux activités sur un pied d’égalité. »

Michel apprécie particulièrement le fait de sortir de l’hôpital. Mostapha, lui, aime le dessin : « Cela me rappelle le dessin industriel que j’ai étudié », conclut-il.