Un après-midi du mois de mai, dans les couloirs de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Joseph-Ducuing à Toulouse, on entend japper et roucouler. C’est l’association AnimalCâlin qui apporte de la vie et du lien.

Deux personnes emmenées par un petit chien charmant cherchent une chambre. Dominique Portal, directrice de l’association AnimalCâlin, et Caroline, une des bénévoles, ont rendez-vous une fois par mois pour une séance de médiation animale. Cet après-midi, elles vont visiter trois malades. Séverine (le prénom a été changé), la première sur la liste, les attend. Gandhi, un bichon havanais, en pleine forme, est porté sur le lit recouvert d’un drap en guise de protection. Le contact est instantané. Le petit chien est « cabotin » à souhait et la patiente tombe sous le charme. Doucement, la directrice d’AnimalCâlin met en confiance Séverine et la fait parler. Celle-ci évoque la ferme de son enfance, son propre chien qui a tendance à fuguer… « Les animaux, ça n’apporte que du bon. Ils comprennent tout ! » dit-elle avec un pâle sourire.

Un peu de douceur…

Après moult cajoleries, Gandhi laisse gentiment la place à son collègue Max, un lapin extra-nain angora. Séverine prend délicatement le lapin dans ses bras pour un moment de douceur si plaisant. C’est maintenant au tour d’Hélio, une tourterelle à la robe gris rosé qui sort de sa cage en roucoulant. Avec un peu de difficulté, la malade contrôle le tremblement de sa main (provoqué par les traitements) pour soulever l’oiseau avec légèreté. L’ombre de la maladie s’est déjà dissipée. Les animaux font jaillir la vie sans effort. C’est la magie de la médiation animale, encore appelée zoothérapie. Elle vise, grâce aux liens naturels et bienfaisants entre animaux et humains, à aider les personnes (malades, jeunes en difficulté, handicapés, personnes âgées…) à communiquer et à s’exprimer.

… et de vie

À l’hôpital Joseph-Ducuing, le Dr Ingrid Payet, spécialiste en soins palliatifs, est à l’origine de cette initiative. Avec Christel, agent de service hospitalier, elles avaient remarqué que la venue d’un animal amené par un proche déclenchait chez les patients quelque chose de fort, de l’ordre de l’émotion… Elles ont donc proposé cette initiative de médiation animale. « Certains malades, quasi mutiques, se remettent à parler. D’autres très angoissés se calment. Les animaux apportent de la vie dans un espace qui n’est qu’attente », explique le Dr Payet.

Dans son service, la médiation animale est bien plus qu’un moment de divertissement. « Cela recrée du lien entre les patients et notre équipe. Notre relation va être plus authentique. Pour les malades, qui sont des personnes très fragilisées, cela représente une “ressource”. Ils vont repenser à la séance, regarder une photo, en parler avec nous », souligne la médecin.

L’initiative de l’hôpital Joseph-Ducuing intéresse en France plusieurs autres unités de soins palliatifs tout comme des maisons de retraite. Pour autant, la médiation animale peine encore à trouver les financements qu’elle mérite. À Toulouse, c’est l’équipe du Dr Payet qui finance sur ses propres deniers, par la vente de calendrier et une cagnotte en ligne, la prestation d’AnimalCâlin. Dans ces conditions, l’opération risque de ne pas se prolonger. Ce serait vraiment dommage.