À l’hôpital de Castres, dans le service de soins palliatifs, soignants et bénévoles se relaient auprès des patients pour leur lire des textes selon leurs goûts et leurs intérêts. Poésie, lecture sur les voyages ou les oiseaux, ces moments d’échange et de partage apaisent l’anxiété et favorisent la confiance entre patient et soignant.

La lecture comme soin relationnel. C’est le pari fait par l’équipe pluridisciplinaire du service de soins palliatifs de l’hôpital de Castres, dans le Tarn. Depuis 18 mois, infirmières, aides-soignants, psychologues, médecins et bénévoles expérimentent ensemble des temps de lecture auprès de patients en fin de vie. L’idée leur est venue d’une initiative vertueuse mise en place à la polyclinique Montréal, à Carcassonne, par le Dr Lugana.

Pendant 5, 15 ou 30 minutes, en fonction de la fatigue du patient, le soignant prend le temps de s’asseoir à côté de lui et de lui lire des passages d’un livre qui l’intéresse. Lectures sur la nature, les voyages, poésie, chanson… « Nous piochons des idées dans des classeurs recensant des textes par thématique, explique Bruno Zanchi, aide-soignant. Il y a quelques jours, j’ai lu un texte de Raymond Devos à un patient qui appréciait l’humour. On a bien ri… » Bruno Zanchi, d’ailleurs, en est convaincu, ce moment de lecture favorise le partage et la proximité. « C’est un moment privilégié entre patient et soignant où, au fil de la lecture, on s’étonne, on rit, on s’émeut ensemble ». Et, pour le soignant, ce partage facilite la mise en confiance. « Plus on est proche des personnes, plus elles se livrent, et plus la prise en charge est simplifiée, analyse-t-il. En tant que soignant, ne serait-ce qu’un sourire, c’est déjà beaucoup et cela aide notre travail au quotidien. »

Un projet d’équipe

Pour le Dr Gandon, médecin du service, les bénéfices de cette activité, en effet, sont nombreux. « Faire la lecture à un patient en fin de vie s’inscrit dans une prise en charge non médicamenteuse, cela relève du soin relationnel dans une phase souvent avancée de la maladie, explique-t-elle. La “bibliothérapie” permet par exemple aux patients d’exprimer des émotions qu’ils ne pourraient pas exprimer de façon directe ». Autres bénéfices pour le médecin : « Ces moments où le patient écoute un texte qu’on lui lit, de façon vivante et incarnée, favorisent l’évasion et apaisent l’anxiété, en détournant l’attention. »

À l’issue de la lecture, le soignant remplit une petite fiche indiquant le temps passé, le titre de l’œuvre et ses commentaires sur la séance, ce qui permet de faire un suivi et d’évaluer la méthode.

Chaque semaine, plusieurs patients bénéficient de ces temps de lecture vivante, soit par un membre de l’équipe soignante, soit par un bénévole de l’Association des soins palliatifs (ASP) du Tarn.