Laurence Voisin est infirmière en Ehpad à Coutances, en Normandie. Après un burn-out, elle s’est formée à la méditation de pleine conscience : une approche qui a changé sa vie. Aujourd’hui elle forme ses collègues à l’hôpital. Et sa liste d’attente ne désemplit pas.

Il y a quelques années, Laurence Voisin, infirmière au sein de l’Ehpad du centre hospitalier de Coutances, en Normandie, a traversé une période d’épuisement professionnel. « Je n’avais plus d’énergie, plus de réserves et je ne voyais pas l’avenir », décrit-elle. Elle découvre alors le travail de Jon Kabat Zinn, professeur de médecine américain, fondateur en 1979 de la Clinique de réduction du stress par la pleine conscience. « Cela a été une révélation ! se souvient Laurence Voisin. Je suis plutôt cartésienne, il était important pour moi que ces techniques de méditation aient fait leurs preuves scientifiquement. » La méditation de pleine conscience consiste à être pleinement présent à ses pensées, ses émotions pour, petit à petit, se prémunir du stress. Plus facile à dire qu’à faire… Pourtant Laurence s’accroche. Elle suit le programme MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction, « réduction du stress par la pleine conscience »). « Cette approche me faisait tellement de bien que j’ai décidé de me former pour initier les autres », retrace-t-elle.

En 2016, elle finance donc elle-même sa formation, parcourt chaque semaine des centaines de kilomètres pour se rendre à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, et devient instructrice. « Dès le début de ma démarche, j’ai parlé de mon projet à ma direction, je voulais développer des séances de méditation à l’hôpital pour aider les soignants, puis les patients, explique Laurence Voisin. J’ai commencé à titre bénévole, en plus de mon travail, et en prenant un temps partiel. Mais trouver des créneaux était compliqué : les plannings changent souvent à l’hôpital ! »

 « Ce n’est pas une formation, c’est un cadeau ! »

En 2019, sa direction lui accorde une décharge de son temps de travail pour conduire le projet. « Nous avons trouvé un cadre propice au déploiement de l’initiative. À partir de ce moment-là, ça s’est développé à une vitesse impressionnante », s’enthousiasme l’instructrice. Les séances rentrent dans le dispositif de formation continue et de la « Santé et qualité de vie au travail ». Un module de niveau 1 propose 7 heures de formation théorique et pratique sur les mécanismes du stress et la méditation. Sur les 88 personnes qui y ont assisté au premier semestre, 59 souhaitent poursuivre. Le module 2 n’a donc eu aucun mal à se remplir. Un 3e groupe MBSR de 12 personnes débutera fin octobre. « J’ai une liste d’attente qui s’allonge chaque semaine », précise la formatrice. Pour les aides-soignants, le personnel administratif, les infirmières, les médecins qui suivent ces programmes, les bienfaits sont nombreux : se sentir plus stable, plus léger, mieux gérer ses émotions, et être capable d’empathie sans jugement. « On m’a dit un jour “ce n’est pas une formation c’est un cadeau !” » Mais attention, prévient Laurence : « Cela ne se fait pas sans un réel engagement, et sans une pratique régulière. » Si elle parvient à concilier son projet avec ses horaires au quotidien, Laurence Voisin aimerait dans un avenir proche développer l’initiative dans d’autres centres hospitaliers. « Je suis infirmière pour prendre soin des autres. Avec la méditation, je prends soin d’eux en les rendant acteurs d’eux-mêmes, c’est encore plus intéressant. »