Depuis plus de vingt ans, « Art dans la Cité » amène les arts visuels jusqu’au chevet des patients à l’hôpital. En intégrant les médiums numériques qui encouragent les interactions, l’expérience donne des résultats étonnants…

Les professionnels de la santé s’accordent à le dire : l’art contribue au mieux-être des patients. C’est la raison pour laquelle, depuis 1999, Art dans la Cité introduit des créations d’arts visuels contemporains à l’hôpital. « Le but, c’est d’accompagner le patient dans son séjour à l’hôpital, d’y mettre du beau pour faire du bien, confirme Rachel Even, déléguée générale de l’association. Après avoir installé plus de 100 œuvres dans des établissements en France, mais aussi en Europe et même aux États-Unis, au Japon ou encore au Canada, l’association a élargi le spectre de ses interventions en proposant, dès 2014, des créations intégrant les médiums numériques : « Par exemple La Démesure du possible, de Fred Périé, conçue pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer, ou le Planétarium musical, de l’artiste Adrien Garcia, pour les salles d'attente en pédiatrie. L’œuvre associe des éléments visuels et sonores, des étoiles dont la couleur et la trajectoire évoluent fonction de la posture du spectateur. Dès lors que le patient devient acteur de l’œuvre, on constate des impacts cognitifs très positifs. »

Des interactions bénéfiques

Encouragée dans cette voie, l’association a développé le concept. « Nous souhaitions aller réellement à la rencontre des patients, jusque dans leur chambre lorsqu’ils sont dans l’incapacité de déambuler, avec des œuvres interactives », poursuit Rachel Even. Le résultat, c’est Illuminart, un dispositif nomade composé d'un boîtier relié sans fil à une tablette et proposant un large choix de contenus artistiques avec lesquels interagir ou dans lesquels s’immerger. Images, lumière, couleurs et sons transforment l’univers et l’ambiance, agissant sur la perception et le mieux-être global. Dernières œuvres interactives proposées : deux « balades en forêt », l’une réelle, l’autre virtuelle, qui permettent aux patients de s’évader en écoutant les sons apaisants de la nature. « C’est une véritable expérience en immersion qui est proposée », souligne Rachel Even. Une vingtaine d’hôpitaux en France ont d’ores et déjà adopté Illuminart, d’abord pour les enfants hospitalisés en chambres bulles pour lutter contre leur isolement, puis il a été déployé dans des services très divers, de soins de support, soins palliatifs, de soins de suite, de psychiatrie, ou encore de traitement d’Alzheimer.

Une véritable ouverture au monde

Les résultats sont probants : diminution du stress, amélioration de l’estime de soi, lutte contre la solitude… et même diminution de la douleur ! « Nous avons pu tester en conditions réelles les bienfaits de la distraction immersive et virtuelle sur la prise en charge de la douleur et de l’anxiété. Pour corroborer ces résultats, nous travaillons actuellement sur une étude d’impact auprès des vingt établissements qui utilisent Illuminart ».

Hyperactive, l’association n’a pas l’intention de s’arrêter là. Le dernier de ses projets ? Une « promenade au musée », le Muséum Illuminart créé avec l’artiste Santiago Torres, lieu multi-culturel virtuel dans lequel les patients pourront, depuis leur lit d’hôpital, se balader dans les salles d’expo, écouter des concerts, aller feuilleter des livres dans la bibliothèque, admirer des sculptures dans le jardin, ou tout simplement écouter le bruit apaisant de la fontaine dans le patio… Extraordinaire, et néanmoins fondamental pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité d’aller à la rencontre de l’art.