Entretien avec Chantal Blain, sophrologue au CH de Millau


Le centre hospitalier de Millau et la Ligue contre le cancer ont signé une convention de partenariat afin d’installer durablement la sophrologie à l’hôpital.

Comment est né ce projet ?

C’est Claire Dufour-Jaillet, sophrologue, et François Coste, hépato-gastro-entérologue au centre hospitalier de Millau, qui ont eu l’idée de mettre en place des ateliers de sophrologie pour les malades atteints de cancer. Ils ont sollicité La Ligue contre le cancer, qui a accepté de financer le projet. Les ateliers fonctionnent depuis mai 2014, et je les anime depuis avril 2015 en tant que sophrologue rémunérée par la Ligue.

Comment fonctionnent-ils ?

Les médecins du service cancérologie m’indiquent les patients à visiter. En amont, ils sont prévenus de notre rencontre. La première fois, je leur propose une sensibilisation à la sophrologie et à ses bénéfices. Puis, nous faisons des exercices sur la respiration afin de diminuer leur stress et de gérer la douleur. Je reviens ensuite les voir régulièrement. J’organise également des ateliers collectifs d’une heure trente, une fois par mois. C’est un moment d’échange très riche. Les patients partagent leur quotidien avec la maladie, des conseils, voire leurs coordonnées. Ils ne se sentent plus seuls, mais dans une dynamique de groupe.

Quel est l’intérêt de la sophrologie ?

Le cancer est une maladie qui confronte à la mort. Parfois, les malades ont eux-mêmes déjà perdu des membres de leur famille ou des amis proches. La sophrologie leur permet de prendre de la distance par rapport à ces expériences, en particulier pour les cancers familiaux, de se recentrer sur eux-mêmes, et de remobiliser leurs ressources personnelles. Elle les aide également à mieux vivre les examens médicaux, souvent invasifs, et à mieux accepter les effets secondaires, comme par exemple la perte des cheveux.

 “La sophrologie permet de mieux vivre les traitements médicaux et leurs effets secondaires.”

Comment se déroule une séance ?

Je les amène à approfondir leur respiration pour favoriser un lâcher-prise, mais aussi leur ancrage, c’est-à-dire permettre des postures stables grâce aux points d’appui du corps. La sophrologie est une technique basée sur l’écoute du corps et sur la visualisation, qui consiste à se projeter mentalement des images positives. Elle reconnecte les patients avec leurs sensations.

Vous sentez-vous bien intégrée dans l’hôpital ?

Oui, parfaitement. À mon arrivée, j’ai proposé aux agents du service oncologie une séance collective de sophrologie. Cette démarche a vraiment facilité mon intégration Tout le monde ici est convaincu de l’intérêt de cette pratique pour les patients et pour les aidants.