Entretien avec Manuel Diaz,
maître d’armes, qui anime les séances d'escrime

À l’hôpital de Chartres, des cours d’escrime animés par l’Alliance chartraine sont proposés aux femmes atteintes du cancer du sein.

Comment est né ce projet ? 

C’est Dominique Hornus, médecin anesthésiste, basée à Toulouse et passionnée d’escrime, qui a eu l’idée, il y a quelques années, de proposer des séances de ce sport de combat aux femmes atteintes du cancer du sein. Après ma formation pour devenir maître d’armes diplômé d’État, j’ai souhaité m’investir dans ce projet à l’Alliance chartraine. J’ai donc suivi une formation spécifique, la formation Solution riposte, mise en place par la fédération d’escrime de Toulouse, pour enseigner la discipline à ces femmes. Pendant une semaine, j’ai appris tout un tas d’informations sur la pathologie, ses impacts physiologiques, psychologiques, les traitements… Suite à cette formation, nous avons ouvert une session Escrime et santé en septembre 2016.

Comment se déroule une séance ? 

J’anime une séance hebdomadaire avec 8 à 10 personnes au maximum. Au préalable, ce sont les médecins de l’hôpital de Chartres qui donnent leur aval aux patientes pour participer. Tout le monde peut se lancer : débutantes ou sportives, je m’adapte à chacune. Nous attaquons toujours par un échauffement, et nous enchaînons par différents exercices permettant de travailler le souffle et les articulations. Je précise qu’il s’agit principalement d’escrime « sans touche ». Pour autant, je ne considère pas mes élèves comme des personnes en situation de fragilité, ce sont de vraies escrimeuses ! Après plusieurs mois d’entraînement, l’approche est plus combative.

Quelles sont les vertus de cette discipline pour les malades ?  

Elles sont nombreuses. Sur le plan physiologique d’abord. L’escrime permet de retrouver de la mobilité du côté de l’opération et une posture plus ouverte – alors qu’après l’intervention chirurgicale on a tendance à se recroqueviller. Plus globalement, en faisant du sport, les femmes se sentent moins fatiguées, en meilleure forme. Elles réapprivoisent leur corps, leur féminité : l’escrime c’est avant tout une chorégraphie, une façon d’évoluer dans l’espace. C’est aussi un sport pour développer le goût de l’effort, mais aussi l’esprit combatif. Cette année, deux femmes, en rémission, se sont inscrites aux Foulées roses de Chartres, une course à pied de 5 km. Un exploit sportif auquel elles n’auraient jamais songé avant la maladie… 

 “Les femmes se réapproprient leur corps et leur féminité grâce à l’escrime.”

Souhaitez-vous élargir le public de ces séances ? 

Oui. Elles sont déjà ouvertes aux patients atteints de cancer du poumon. Et nous projetons de nous adresser aux insuffisants pulmonaires ou insulino-dépendants. À préciser que la licence d’escrime est prise en charge par le club et que l’inscription est gratuite la première année de pratique. La deuxième année, la cotisation s’élève à 110 euros et le prêt de la tenue demeure gratuit.