À Tulle, on aime les bébés ! La maternité du centre hospitalier Cœur de Corrèze de Tulle a obtenu en 2017 le label « Initiative Hôpital Ami des Bébés ». Explications avec Huguette Puyjalon, sage-femme, coordinatrice du service maternité.

D’où vient le label « Initiative Hôpital Ami des Bébés » ?

Ce label a été lancé dans les années 1990 par l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF, principalement dans le but de promouvoir l’allaitement maternel. C’est l’association IHAB, composée de pédiatres, sages-femmes, puéricultrices…, qui est chargée de le décerner aux établissements volontaires en fonction d’une douzaine de critères précis. Le label est accordé pour une période de quatre ans, avec un suivi tout au long de cette période. Tous les trois mois, les établissements envoient leurs statistiques, par exemple sur les taux d’allaitement maternel. À terme, la maternité demande une réévaluation pour conserver son label. Actuellement, en France, 37 établissements sont labellisés.

Comment la maternité s’est-elle engagée dans cette démarche ?

Tout a commencé en 2010. Des experts de l’association sont venus effectuer une visite sur le terrain, puis nous leur avons envoyé notre auto-évaluation relative aux douze critères demandés. Ensuite, l’enjeu était de tout mettre en place pour répondre à l’ensemble de ces critères. Nous avons été épaulés par une référente de l’association. Chaque mois, un comité de pilotage très dynamique s’est réuni à l’hôpital pour faire bouger les lignes. Ce n’est qu’en 2016 que nous avons été prêts à recevoir le label. C’est très long de faire changer les pratiques !

" Notre approche est plus humaine. "
 Huguette Puyjalon, coordinatrice du service maternité

Quelles mesures concrètes avez-vous mises en place ?

Cela peut sembler anodin mais, par exemple, nous avons installé un self pour les petits déjeuners jusqu’à 9h30 au milieu de couloir de la maternité. Auparavant, les petits déjeuners étaient servis à 7 heures dans toutes les chambres. Ce changement d’organisation permet aux mamans de se lever quand elles le souhaitent, de respecter leur rythme. Les papas y ont droit eux aussi. Ils sont d’ailleurs encouragés à dormir sur place. Dans le même esprit, des chambres « famille » ont été créées pour accueillir la fratrie. Par ailleurs, pour essayer de privilégier au maximum la proximité maman-bébé, nous ne prenons plus les bébés la nuit pour laisser la maman se reposer. Autre exemple, plus frappant : désormais les papas peuvent, s’ils le souhaitent, entrer en salle de césarienne. Il a fallu faire un gros travail pour convaincre les équipes du bloc opératoire.

Diriez-vous plus globalement que vos pratiques ont été complètement modifiées ?

Le label est une démarche de bientraitance du nouveau-né. Il nous a permis de remettre complètement les parents au cœur du soin. Jusque-là, nous étions des professionnels qui apprenions aux parents. Désormais, nous partons du principe que les parents ont des connaissances et que nous sommes là pour les accompagner. Nous prenons en compte leurs souhaits et nous les respectons. De plus en plus de mamans arrivent avec un projet de naissance rédigé, par exemple. La prise en charge est devenue personnalisée. Notre approche est plus humaine.

Est-ce un succès pour l’hôpital ?

Tout à fait. Les parents recherchent ce type de pratiques. Beaucoup de femmes viennent accoucher ici alors qu’elles n’habitent pas à côté, mais que le projet de la maternité leur correspond. Le taux d’accouchement a augmenté. Par ailleurs, c’est une dynamique très positive. Les sages-femmes de l’hôpital se sont formées et ont diversifié leurs pratiques. Nous sommes une équipe de quinze sages-femmes, et une dizaine se sont spécialisées en acupuncture, homéopathie, sophrologie, hypnose ou même en tant que professeur de yoga.