Entretien avec Frédéric Masson, infirmier anesthésiste.

Depuis quatre ans, l’infirmier anesthésiste Frédéric Masson prodigue des soins shiatsu gratuits aux soignants de l’hôpital de Dreux. Avec le soutien du CH, il a étendu la pratique aux patients atteints de douleurs chroniques.

Comment cette idée vous est-elle venue ?

Quand je suis devenu infirmer anesthésiste, en 2002, je pratiquais un art martial d’origine japonaise pendant mon temps libre. De fil en aiguille, j’ai découvert cet univers dans ses dimensions philosophiques, médicales, spirituelles, et même un peu linguistiques. Et puis j’ai été confronté à une situation difficile sur le plan professionnel. C’est là que j’ai mesuré tout ce que le Shiatsu pouvait apporter à ma vie et à mon travail. Très vite, j’ai voulu en faire profiter mon entourage et j’ai suivi une formation en trois ans à l’école japonaise de Shiatsu. Au début, pour m’entraîner, j’ai proposé à des collègues de recevoir les soins. La direction de l’hôpital m’a donné son autorisation et m’a prêté une salle. Un effet de bouche-à-oreille inespéré a permis à l’aventure de démarrer. Ça a tellement bien fonctionné qu’à chaque fois que je proposais une séance elle était complète en moins d’une demi-heure. À tel point que l’hôpital s’est proposé de prendre en charge les frais de ma troisième année de formation : une vraie reconnaissance de mon travail !

Comment se déroulent les séances et en quoi contribuent-elles au bien-être ?

Au début d’une séance, j’explique à la personne ce que je vais lui faire, mais j’évite de lui induire les résultats avant même qu’elle ne les ressente. Vêtue de vêtements confortables, elle s’allonge et j’exerce des pressions de mes mains sur l’ensemble de son corps pendant 45 minutes. L’objectif est de relâcher ses muscles, de la décontracter et de rééquilibrer ses énergies. Certains me disent qu’ils ont dormi très paisiblement la nuit d’après, d’autres qu’ils se sont sentis extrêmement bien pendant les deux ou trois jours qui ont suivi, d’autres encore pendant toute la semaine. Chacun réagit différemment. Parfois, il faut plusieurs séances pour s’adapter et profiter pleinement des bienfaits du soin.

Quel est l’intérêt du shiatsu pour les agents ?

Le shiatsu a tissé un lien entre ma pratique martiale et celle de soins infirmiers. Il m'a permis de comprendre et d'agir à la fois sur le corps et l’esprit : en modifiant ma posture je modifie aussi mon point de vue. Au bout du compte, c’est une bulle d’oxygène de 45 minutes dans une journée de travail, et c’est déjà beaucoup. C’est un temps où on peut se poser, respirer, et recevoir de la douceur dans un espace de calme et de bien-être. Ça réduit beaucoup le stress. D’ailleurs, l’administration du CH m’a sollicité pour prodiguer des soins de 20 minutes à l’occasion du café des rencontres, en novembre 2018. C’est une journée d’échanges entre les professionnels de l’hôpital et les usagers, soit une jolie reconnaissance pour moi, mais aussi pour le shiatsu qui trouve sa place à l’hôpital.