Cinq ruches, une vingtaine de potagers familiaux, un jardin partagé, un verger de sauvegarde des espèces locales… C’est l’ambitieux projet biodiversité dans lequel s’est engagé le CHU Dijon-Bourgogne.

Plusieurs kilos de miel ont été distribués cet automne aux retraités du CHU Dijon-Bourgogne. Produit dans les ruches installées sur un terrain du CHU, il est le fruit de l’engagement d’un groupe d’agents dans un vaste projet écologique.

« Il y a trois ans, le Comité de développement durable du CHU s’est interrogé sur la possibilité d’installer des ruches à l’hôpital, explique Aline Blandin, cadre de santé en pédiatrie et membre du groupe de six volontaires rapidement constitué pour développer le projet. On s’est assez vite dit qu’on pouvait aller plus loin, en proposant d’autres activités au personnel ».

Un terrain de 5 000 m2 est alors mis à disposition par l’hôpital, un appel est lancé aux agents, et une cinquantaine de personnes répondent présentes. « En plus des cinq ruches, nous allons créer une vingtaine de jardins individuels, où les agents pourront venir en famille, et faire pousser leurs légumes dans une démarche proche de la permaculture. Nous préparons aussi un grand jardin collectif, ainsi qu’un verger de sauvegarde où nous planterons 25 fruitiers d’essences locales et 50m2 de haies mellifères », détaille Aline Blandin.

Vivier d’expérimentation

Le tout sera réalisé avec l’accompagnement d’un pépiniériste et d’un apiculteur. « L’apiculteur va nous former pendant deux ans, puis l’un d’entre nous prendra le relai pendant deux ans, avant de céder la place. Le but est de faire quelque chose de vivant, de collectif, d’ouvert à toutes les idées », ajoute Aline Blandin. Vivier d’expérimentation, l’espace pourrait même bientôt être aménagé pour permettre de jardiner debout. « Nous avons une collègue qui adore jardiner mais qui souffre du dos. Nous réfléchissons à un jardin surélevé, pour permettre la station debout », ajoute la volontaire.

Pour le moment, le jardin est réservé au personnel mais l’idée d’y faire venir certains patients a été un temps envisagée. « Nous avions pensé que cela pourrait être bénéfique aux adolescents en psychiatrie par exemple. Mais nous devons d’abord sécuriser les ruches, le risque est trop grand pour l’instant », indique Aline Blandin. Autre piste, celle d’utiliser les récoltes en circuit court pour les cuisines du self. « Nous y avons pensé, mais nous devons creuser la question sanitaire », explique Aline Blandin.

« Une soupape dans un contexte compliqué »

En cohérence avec un engagement écologique, la totalité de l’espace est entretenu sans produits phytosanitaires et dans le respect d’une charte régissant la consommation de l’eau, le compostage des déchets, le paillage des sols… Par ailleurs, aucun échange d’argent ne peut avoir lieu. Les terrains et le matériel sont mis à disposition gratuitement, et les récoltes de légumes, fruits et miel sont données.

Pour assurer le financement du projet, le Comité mécénat du CHU a notamment donné 36000 euros. Par ailleurs, 3000 euros ont été versés par le C.G.O.S, ainsi que par une enseigne de bricolage, dont la direction s’est montrée sensible au projet. Le Conseil régional participe aussi au financement du verger de sauvegarde. « Il s’agit d’abord d’un engagement pour la biodiversité, mais la cerise sur le gâteau, c’est que ce projet permet aussi une amélioration de la qualité de vie au travail, souligne Aline Blandin. C’est particulièrement important, surtout en ce moment. Ce jardin, c’est une vraie soupape dans un contexte compliqué ».