Le 4 mars dernier, le service de médecine physique et réadaptation fonctionnelle du CHU de Nice inaugurait un salon de coiffure et d’esthétique praticienne au CHU et… patiente.

Rien ne vaut l’expérience personnelle de la maladie pour comprendre les patients. C’est ce qu’a vécu le docteur Panaia-Ferrari et qui a motivé son engagement. Elle raconte : « J’ai dû subir une grosse opération du rachis qui m’a rendu très dépendante durant trois mois en 2017. Difficile de prendre soin de soi lorsque l’on est immobilisé avec un corset. Mon coiffeur avait accepté de venir chez moi pour me refaire une beauté. Mais au sein du service de réadaptation fonctionnelle que je fréquentais, j’ai compris que beaucoup n’avaient pas cette chance… L’idée est alors venue de créer un espace de soins esthétiques à l’hôpital, pour les femmes comme pour les hommes. »

Une énergie à revendre

Patricia Panaia-Ferrari va remuer ciel et terre pour mener à bien son projet. Elle sollicite le Fonds Aveni du CHU qui lui permet de bénéficier du prix « Beauty for Better » de la Fondation l’Oréal. Elle reçoit également un prix de la GMF puis un don du Rotary Club. Bref, autant de soutiens qui l’aideront à constituer une belle cagnotte pour se lancer dans l’aventure. « L’hôpital a mis à disposition une pièce, que nous avons équipée avec du matériel adapté, explique-t-elle. Un coiffeur et une socio-esthéticienne, formés à ce type d’interventions, viennent une fois par semaine pour proposer des soins. »

Des prestations esthétiques certes (coiffure, manucure, rasage, coupe…) mais toujours en lien avec le profil médical du patient. « Les patients sont des accidentés de la route, des personnes souffrant de sclérose en plaques, ayant subi un AVC… Ils sont pris en charge après un entretien médical qui permet d’adapter le soin et d’éviter les contre-indications, dans les postures ou les produits. »

Un succès complet

Quelques mois après son ouverture, le salon ne désemplit pas. « Nous avions misé sur 300 patients par an. En trois mois, nous avons eu plus de 100 passages ! » se réjouit le médecin. Un bilan quantitatif positif qui corrobore le bilan qualitatif. Les questionnaires de satisfaction révèlent les bienfaits de ce dispositif. Les patients apprécient ce moment de bien-être, retrouvent une meilleure image d’eux-mêmes, se sentent plus détendus ensuite pour leurs séances de réadaptation fonctionnelle…

Reste aujourd’hui à pérenniser et développer le dispositif. « Nous sommes en train de créer une association reconnue d’intérêt public qui nous permettra de faire appel à des donateurs, poursuit Patricia Panaia-Ferrari, qui souhaite que ce soin reste gratuit. Et nous avons des projets pour la rentrée, notamment mettre à disposition une tablette pour que les personnes puissent se prendre en photo avant et après le soin, et travailler avec un psychologue sur l’image de soi. »

Pas de doute, cette initiative réussie confirme que le soin esthétique contribue pleinement au soin médical.