Recréer un lien entre l’EHPAD et le monde extérieur, après de trop longs mois de pandémie et d’isolement : c’est l’ambition de l’exposition Face à Face, réalisée à l’EHPAD public Constance Mazier d’Aubervilliers (93) et inaugurée le 31 mai dernier. 

Depuis quelques jours, sur les grilles de l’EHPAD d’Aubervilliers, s’affichent, en grand format et en couleur, les portraits de 18 des résidents qui ont accepté de participer au projet Face à Face. Ils sont assis. Certains regardent l’objectif, d’autres pas. Au bas du portrait, leur nom, leur âge et un QR code pour entendre quelques secondes de leur voix et découvrir les photos des coulisses de la prise de vue.  « La pandémie a obligé les EHPAD au repli sur soi et a rompu le lien avec l’extérieur. Il était symboliquement important de réfléchir à un projet pour restaurer ce lien, explique Claire Zambaux, chargée de communication à l’EHPAD Constance Mazier et initiatrice de cette exposition. Afficher les portraits des résidents, dans un carrefour passant de la ville, face à un lycée et à proximité de plusieurs écoles permet d’offrir un regard sur l’EHPAD. C’est une invitation à venir à notre rencontre, et pourquoi pas à réfléchir à l’inclusion des personnes âgées dans la ville, dans la société. »

Sur la cinquantaine de résidents à qui le projet a été proposé, une vingtaine se sont rapidement portés volontaires. « J’ai été agréablement étonnée que tant de personnes acceptent cette idée qui touche beaucoup à l’intime », se souvient Claire Zambaux. Ensuite, la photographe Laetitia d’Aboville a rencontré les résidents à plusieurs reprises, afin de créer un lien de confiance avec ceux qui s’exposeraient devant son objectif.

Capter un moment de vie

Pour les séances photo, organisées sur deux jours, le « salon des familles » a été réaménagé en studio. Avant la prise de vue, les résidents passent entre les mains d’une socio-coiffeuse, spécialement formée aux soins auprès des personnes fragiles. « Elle leur proposait une coiffure, un soin ou un maquillage léger. L’idée n’était absolument pas de les travestir, de les rendre différents mais de leur proposer un moment agréable avant d’être pris en photo », insiste Claire Zambaux. Un autre photographe ainsi qu’un preneur de son capturent ces instants de préparation en coulisse. On entend un éclat de rire, quelques mots échangés avec la coiffeuse, la surprise d’un résident qui découvre son portrait sur l’appareil de la photographe. « Nous ne voulions pas les faire parler de leur passé, tomber dans le témoignage qui les renvoie toujours vers leur vie d’avant. Au contraire, nous voulions capter un moment de vie, spontané, ancré dans l’instant, assure Claire Zambaux. Et ils ont pris beaucoup de plaisir à passer devant l’appareil. Ils étaient tous très à l’aise. Je me souviens d’avoir été frappée par la manière dont leurs corps se redressaient, retrouvaient de la verticalité, du fait d’être au centre de l’attention. »

 Au moment de découvrir leurs portraits en grand format, certains apprécient, d’autres moins. « Un résident a trouvé que c’était complètement raté, il était très mécontent. Alors que tous les autres étaient d’accord pour dire que sa photo était très fidèle… », sourit Claire Zambaux. Les familles, mais aussi les professionnels de l’EHPAD, confient sentir une certaine fierté. L’exposition est à découvrir sur les grilles de l’EHPAD Constance Mazier jusqu’au 30 septembre 2022, mais aussi sur le site https://faceaface.EHPAD-constancemazier.fr