Depuis juin 2019, Victoria Dorthe est agent de service hospitalier au CH de Valence. Chargée de l’entretien et de l’hygiène des locaux, elle se retrouve, avec ses collègues, en première ligne de l’épidémie.

Après avoir enchaîné plusieurs contrats dans des structures privées, en maisons de retraite, Victoria a intégré la fonction publique il y a quatre ans. À Valence, elle travaille désormais au service pneumologie-maladies infectieuses et en oncologie. Depuis le mois de mars, elle a vu son quotidien bousculé par le virus. « Dans le service, nous avons continué de nous répartir la journée de la même façon avec ma collègue : une travaille de 7 h à 15 h, et l’autre de 10 h à 18 h, mais c’est bien la seule chose qui n’ait pas changé », glisse-t-elle en souriant. Pour protéger ses personnels en première ligne de l’épidémie, le CH de Valence a mis sur pied un nouveau protocole. « On est équipés comme les soignants : masque FFP2, charlotte, lunettes de protection, blouse, tablier et bien sûr des gants. Tout cet équipement tient chaud, car on est très actifs », poursuit-elle.

Un quotidien bouleversé

L’organisation des tâches quotidiennes a, elle aussi, été chamboulée. En temps normal, la journée débute par l’entretien des bureaux des médecins, de l’office infirmier, etc., puis se poursuit par la préparation des carafes d’eau individuelles déposées au chevet de chaque patient. Désormais, les carafes sont distribuées en même temps que le petit-déjeuner : l’objectif est de limiter au maximum les allées et venues dans les chambres. « Il y a une très forte solidarité avec les soignants. Il arrive qu’ils me donnent un petit coup de main si je suis débordée, on est vraiment très soudés », confie l’ASH. Autre changement : l’utilisation de détergent a été remplacée par du désinfectant, et à chaque sortie de patient, les chambres sont aérées une vingtaine de minutes avant de faire le ménage. « Chaque tâche demande plus de temps, c’est un peu fastidieux mais primordial », raconte-t-elle. Il y a encore une semaine, l’intégralité des 25 chambres du service pneumologie-maladies infectieuses étaient occupées par des patients Covid-19. « Les patients ne voient personne, alors quand je rentre dans une chambre, je discute un petit peu, un sourire, ou deux-trois mots échangés, je me dis que ça donne toujours un peu de baume au cœur, mais ils sont très fatigués. » Une fatigue qui gagne les équipes du CH, tant le rythme est intense depuis des semaines. « Je n’ai pas peur pour moi, je me sens protégée, mais j’ai quand même la crainte de contaminer ma famille », confie l’ASH. Cet épisode a également des répercussions inattendues. « Je suis davantage fière de mon travail. Les ASH sont chargés de l’hygiène, un maillon indispensable de la lutte contre la propagation du Covid-19. On parle rarement de nous. Pourtant notre rôle est plus qu’essentiel. »

Et quand on évoque avec elle les applaudissements qui retentissent immuablement chaque soir à 20 heures, elle conclut : « Applaudir c’est bien, mais rester chez soi c’est encore mieux ! »