Mohamed, brancardier : au cœur des activités… et des risques

Voilà sept ans que Mohamed Belhadia est brancardier à l’hôpital Édouard-Herriot, à Lyon (69). En première ligne depuis le début de l’épidémie, son équipe et lui ont eu pour mission de transporter les malades entre les services, en optimisant leur organisation pour limiter les risques de transmission du virus.

À bientôt 30 ans, Mohamed a cette chance rare d’exercer un métier qui le passionne : « Je voulais travailler dans le milieu médical, et j’ai décidé de devenir brancardier régulateur. À ce poste, on fait un peu de tout, on voit un peu tout le monde… Finalement, on se trouve au cœur des activités ! » À l’hôpital Édouard-Herriot, cela prend un sens tout particulier. Construit entre les deux guerres, l’hôpital est bâti dans un domaine immense, et constitué de multiples pavillons entre lesquels les brancardiers naviguent… en souterrain. « Sous l’hôpital, il y a trois kilomètres de galeries qui relient les différents services, où se croisent les brancardiers transportant les patients et d’autres services supports pour la nourriture, le linge ou encore les médicaments. C’est un peu notre domaine, les soignants n’y vont jamais ! J’aime l’idée de faire partie de ce service qui bouge, qui fait le lien entre les différentes professions. »

S’organiser pour gérer les flux

La mission de Mohamed ? Réguler les demandes de transport, pour que les patients arrivent à l’heure à leurs rendez-vous, sans avoir à faire attendre les équipes médicales, ni à patienter après leur opération. Une mission qui a une importance toute particulière en période d’épidémie : « Évidemment, avec le Covid-19, limiter les temps d’attente est essentiel pour éviter les risques de propagation du virus, confirme-t-il. Toute l’équipe s’est impliquée pour être le plus efficace possible : les examens programmés ont été reportés pour laisser la place aux consultations et aux interventions urgentes, la chef de service a pris les devants en commandant à l’avance tout l’équipement dont nous avions besoin pour nous protéger au mieux, et les agents ont relevé leurs manches pour se rendre utiles là où le personnel manquait. Dans notre équipe, certains ont même été détachés pour faire du nettoyage de chambre ! Tout le monde a joué le jeu, notre équipe bien sûr, mais aussi tous les autres, et notamment les infirmières, qui ont été vraiment formidables. C’est ce qui nous a permis de vivre cette période particulière sans trop de stress. »

Garder son sang-froid pour assurer auprès des patients

Le stress, pourtant, il y en a eu parmi les brancardiers. Amenés à prendre en charge des patients sans toujours savoir s’ils étaient atteints du Covid-19, ils se sont retrouvés en première ligne pendant la crise. Mais, garder son sang-froid, cela fait partie du métier, pour Mohamed : « On s’est organisés pour protéger les brancardiers les plus âgés, et donc les plus vulnérables. Notre but était de faire en sorte que chaque brancardier ne transporte pas plus de 2 ou 3 patients atteints du Covid-19 chaque jour. Pour le reste, on a surtout essayé d’être disponibles pour les patients, qui étaient souvent stressés. Il faut savoir qu’en tant que brancardiers on est aussi là pour calmer leurs angoisses, écouter leurs confidences, les rassurer lors de leur prise en charge. De l’extérieur, on a tendance à penser aux soignants, mais à l’hôpital, tout le monde est essentiel, on est tous ensemble dans le même bateau. De la cuisine à la logistique en passant par les infirmières et les brancardiers, on fait tous partie de la même chaîne, avec un seul objectif : faciliter le séjour des patients et les accompagner au mieux vers la guérison. »