« Garder la mémoire d'une période exceptionnelle »

Vanessa Pocheron, 38 ans, infirmière aux urgences pédiatriques du CHU de Dijon, est également photographe professionnelle. Elle a mis son second métier au service du premier pour « mettre sur pause » la crise du Covid-19.

Infirmière de nuit depuis 15 ans et toujours en service pédiatrique, en réanimation puis aux urgences, Vanessa Pocheron a vu, comme nombre de professionnels de santé, le Covid-19 s'inviter brutalement dans son quotidien à l'hôpital. « Nous avons très vite réorganisé l'espace des urgences pour mettre en place une salle d'attente et une salle d'examens dédiées aux jeunes patients suspectés d'être contaminés », raconte-t-elle. Même si les enfants sont moins touchés que les adultes par le virus, les cas suspects sont courants depuis plusieurs semaines car, comme le souligne la professionnelle, « les enfants faibles ou fiévreux représentent une part importance des jeunes patients amenés par leurs parents aux urgences quelles que soient les circonstances ». Malgré de nouvelles contraintes à intégrer, quelques collègues touchés par le virus et des gestes barrière « qui rendent la communication plus compliquée, en particulier avec les enfants », Vanessa Pocheron s'est toujours sentie en sécurité dans son service, ayant eu tout le matériel de protection nécessaire à disposition, sans oublier le support d'une équipe encore plus solidaire.

À la rencontre des autres

Engagée en tant qu’infirmière dans la crise Covid (sur un temps de travail à 80%), Vanessa Pocheron a souhaité l'être également au titre de sa seconde profession de photographe professionnelle, qu'elle pratique en cumul d'activités depuis deux ans, spécialisée dans les photos de nouveau-nés et les événements heureux. « Avec la crise sanitaire, je n'avais plus l'occasion d'exercer ce métier passion, d'aller à la rencontre des autres avec mon appareil, j'étais frustrée de ce manque d'échanges », explique-t-elle, « alors quand j'ai su qu'un collègue réalisait un reportage photos en secteur adultes, j'ai eu l'idée de proposer, bénévolement, à ma direction la même démarche en service pédiatrique ». Au fil des nuits et des urgences, elle a pris environ 150 clichés, mettant à profit son œil d'infirmière pour saisir un geste technique ou la spécificité de la relation soignant-patient. « Je veux à la fois garder la mémoire d'une période exceptionnelle et offrir, le temps d'une séance, une parenthèse dans une ambiance un peu lourde », précise-t-elle. Portraits de soignants auprès de jeunes patients, bien entendu avec l'accord des parents, portraits en duo de soignants souhaitant se souvenir de leur complémentarité dans des moments intenses… Les clichés sont autant de souvenirs de ce qui reste le plus souvent insaisissable. « Travaillant la nuit dans une atmosphère bien particulière, nous sommes au sein de notre service très proches, davantage que des collègues », souligne-t-elle. Vanessa Pocheron aime à penser que ses photographies pourraient faire par la suite l'objet d'une exposition au sein du l'hôpital.