« Les médecins ne peuvent pas sauver des vies si les règles d'hygiène ne sont pas respectées »

Victor Watterlot, 31 ans, agent de blanchisserie à l'Établissement public de santé mentale (EPSM) Lille-Métropole, sur le site d'Armentières (Nord), témoigne de l'implication discrète mais tout aussi essentielle du personnel non-soignant dans la lutte contre le Covid-19.

Avant même le début de la crise sanitaire liée au Covid-19, le quotidien professionnel de Victor Watterlot, agent de blanchisserie à l'EPSM Lille-Métropole, en charge avec sa trentaine de collègues du nettoyage du linge hôtelier et résidents provenant de plusieurs établissements hospitaliers, était rythmé par le suivi de nombreuses règles de sécurité et d'hygiène. « Il y a une délimitation stricte entre le secteur septique, là où arrive le linge sale, et le secteur aseptique, d'où repart le linge nettoyé. Les agents en poste dans le secteur septique portent une surblouse, prennent une douche à la fin de leur journée… Et on ne va pas du secteur septique au secteur aseptique sans précaution ni sans une très bonne raison », détaille-t-il.

Un rythme intense

Avec l'arrivée brutale du Covid-19 et l'obligation d'éliminer le virus du linge, les mesures ont été amplifiées avec des cycles de lavage supplémentaires et l’augmentation des dosages de produits lessiviels de désinfection et de décontamination. « Concrètement, la lutte contre le Covid-19 s'est traduite par une surcharge de travail avec davantage de linge à traiter, certainement parce que les soignants changent davantage de tenue ou encore parce que le linge de lit des patients est renouvelé encore plus souvent, sans parler des mesures d'hygiène prises dans les services accueillant des personnes infectées », explique l'agent. Victor Watterlot et ses collègues ont ainsi travaillé à un rythme plus intensif, avec entre deux et quatre agents venus en renfort d'autres services, notamment des services de soins. « Face à l'ampleur de la tâche, chaque jour renouvelée, nous avons pu ressentir un certain stress car nous avons le souci du travail bien fait. Il ne faut surtout pas prendre de retard, ce linge doit être livré en temps et en heure », précise-t-il. À noter que plusieurs de ses collègues maîtrisant la couture ont mis en place un atelier afin de fabriquer des surblouses à destination des soignants pour les services Covid-19 et les unités présentant des cas. « Nous avions l'espace nécessaire, des machines à coudre à disposition, le service achats a fourni des patrons. C'est formidable que cet atelier ait ouvert et qu'il ait permis la fabrication de milliers de blouses ! » se félicite Victor Watterlot.

Un maillon de la chaîne

Et si justement il témoigne aujourd'hui, ce n'est « certainement pas pour récolter des compliments » mais pour « saluer l'engagement de tout un service et aussi rappeler que le personnel non soignant, qu'il s'agisse d'agents de blanchisserie ou encore d'agents d'entretien, s'est impliqué de toutes ses forces dans cette lutte », même si cette démarche est peu valorisée par les médias. « Les médecins ne peuvent pas sauver des vies si les règles d'hygiène ne sont pas respectées », rappelle-t-il.