Entretien avec Jean Dufraisse, retraité hospitalier.

Jean Dufraisse, ancien directeur du groupe hospitalier de Sélestat-Obernai aujourd’hui à la retraite, guide des familles étrangères dans les arcanes de l’administration dématérialisée. Un coup de pouce salvateur pour faciliter leur intégration.

Fin 2016, vous avez quitté la direction de l’hôpital de Sélestat-Obernai. Quelques semaines après ce départ à la retraite, vous devenez bénévole à l’association Contact et Promotion, à Strasbourg. Pour quelles raisons ?

Je m’étais préparé pour la retraite. Personnellement, la transition entre travail et retraite passe par un engagement associatif pour continuer à jouer un rôle actif dans notre société. Contact et Promotion accompagne l’insertion sociale et professionnelle des familles étrangères ou qui éprouvent des difficultés. Ses salariés et les bénévoles proposent des cours de français, un soutien scolaire, une aide à la parentalité, etc.

En quoi consiste votre mission bénévole d’écrivain public numérique ?

Mon rôle est d’aider ces personnes à accéder à leurs droits. Une fois par semaine, je rédige à leurs côtés des courriers administratifs et professionnels – inscription à Pôle emploi ou à la CAF, scolarité, demande de naturalisation, renouvellement de carte de séjour. Je les aide aussi à remplir leurs dossiers sur Internet, je crée pour eux des boîtes mail, car aujourd’hui de plus en plus de démarches sont dématérialisées. En toutes circonstances, je me dois de faire preuve de bienveillance à leur égard pour créer un lien de confiance et faciliter leur intégration.

Cette dématérialisation n’entraîne-t-elle pas des inégalités d’accès aux services publics ?

Le numérique fait gagner du temps pour beaucoup de gens, mais il existe un risque de recul de l’accès aux droits et d’exclusion pour de très nombreux usagers, et pas seulement ceux venant de pays étrangers ou ne maîtrisant pas le français. On part du principe que chacun a un ordinateur, une adresse mail ou un accès à Internet. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Les agents hospitaliers sont-ils aussi concernés par cette fracture numérique ?

Tout à fait. Je l’ai constaté lorsque je dirigeais le groupe hospitalier de Sélestat-Obernai. Par exemple, certains agents n’arrivaient pas ouvrir leurs droits au C.G.O.S car ils n’ont pas d’ordinateur, ou simplement parce qu’ils ne savent pas comment le faire sur Internet. Le rôle du Contact C.G.O.S local est essentiel pour les accompagner dans leur démarche.

Vous avez passé plus de trente ans dans la fonction publique hospitalière, notamment les six dernières années à la tête du groupe hospitalier de Sélestat-Obernai. Quel bilan tirez-vous de cette carrière ?

C’est un métier passionnant, très riche sur le plan humain. Ces dernières années, il est toutefois devenu plus difficile, en raison des contraintes budgétaires de plus en plus fortes qui pèsent sur l’organisation des soins, et la complexification des métiers.
Et surtout, je n’avais plus de plaisir au travail.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Avoir du temps a de nombreux avantages. Je joue au golf, je pratique la randonnée.
Je reviens d’un voyage en Afrique du Sud. Contact et Promotion souhaiterait que j’occupe des fonctions au bureau de l’association. On verra. Pour le moment, mon activité d’écrivain public numérique me convient très bien.