Annouck Curzillat, kinésithérapeute non voyante

À 27 ans, Annouck Curzillat mène de front deux activités : un poste de masseur-kinésithérapeute à mi-temps et une préparation pour les Jeux paralympiques de Tokyo en 2020 en triathlon

Elle arrive en taxi à l’hôpital avec son chien-guide Guinness. Et tandis que le toutou se couche dans un coin et attend sa maîtresse, Annouck enchaîne les séances avec ses patients. « Je me déplace avec ma canne blanche dans l’hôpital pour que mes interlocuteurs sachent que je suis non-voyante. Le plus difficile, c’est le parcours qui sépare les chambres des patients de la salle de rééducation. Ces trajets me demandent beaucoup de concentration, il peut y avoir des obstacles inattendus. Il ne se passe pas un jour sans que je me cogne ! », lance la jeune femme avec une pointe d’humour.

Une volonté de fer

Battante, énergique, volontaire, Annouck aime ce métier qu’elle a choisi. « J’ai toujours voulu exercer une profession qui ait du sens et dans laquelle je pourrais être utile aux autres. Au départ, j’étais attirée par la carrière de sage-femme, mais c’était trop compliqué avec mon handicap. Lorsque j’ai appris qu’il existait une formation de kiné accessible aux déficients visuels, je n’ai pas hésité. »
Après trois années d’apprentissage à l’Institut de formation en masso-kinésithérapie pour déficients de la vue (IFMKDV) de Lyon, Annouck est diplômée et peut exercer. « Je manquais de confiance en moi, j’avais peur de me lancer. J’ai donc poursuivi mes études en passant une licence de Sciences et techniques de réadaptation. » Après six mois de battement et quelques missions de remplacement, Annouck se sent prête à faire le grand saut et intègre le CH de Givors. « J’ai tout de suite été mise en conditions réelles et c’était parti ! C’est une chance pour moi de faire partie d’une équipe formidable qui compte deux autres kinés. » Les patients, eux, ne font aucune différence. Certains s’aperçoivent à peine du handicap de la jeune femme, d’autres sont réellement admiratifs.

A fond la forme !

Et comme si ce défi professionnel, relevé avec brio, ne suffisait pas, Annouck s’est lancé un autre challenge : être sélectionnée pour les Jeux paralympiques (JP) en triathlon. « Je consacre mon autre mi-temps à l’entraînement sportif. J’ai toujours pratiqué le sport mais je me suis vraiment mise au triathlon en 2015 et je compte bien faire partie de l’équipe pour les prochains JP ! »
Où Annouck puise-t-elle tant d’énergie ? « C’est dans mon caractère, répond-elle simplement. Bien sûr, il y a des moments de doute et de découragement. Mais j’en ressors chaque fois plus forte. » Une belle leçon de vie et d’espérance.

Page Facebook de Annouck Curzillat