Infirmière en psychiatrie au centre hospitalier La Candelie, à Agen (47), Pascale Beaury a créé il y a trois ans un équipage de canoë-kayak pour les femmes atteintes d’un cancer du sein. Elle a remporté le premier prix de la Bourse C.G.O.S 2018, qui était consacrée au sport et à l’engagement social.

Pouvez-vous présenter votre projet ?

En 2016, j’ai créé un équipage de canoë-kayak « sport et santé », le Ladies 47. Le projet consiste à proposer une activité sportive adaptée à un public particulier – les femmes qui ont eu un cancer du sein. Cette activité complète la rééducation car pagayer permet non seulement de se remuscler, mais favorise le drainage lymphatique et peut ainsi prévenir la formation du « gros bras ». En outre, ce sport contribue à lutter contre l’isolement social dont souffrent souvent les femmes après de longues périodes d’hospitalisation et de traitements. Des participantes solidaires complètent l’équipage pour que l’activité, au-delà des bienfaits santé, soit aussi un moment de plaisir et de partage.

Comment vous est venue l’idée de créer cet équipage ?

Je fais du canoë-kayak depuis l’âge de 7 ans. J’adore ce sport car il se pratique dans la nature et en groupe. En 2013, j’ai découvert que l’institut Bergonié de Bordeaux proposait cette activité aux femmes qui ont eu un cancer du sein. C’est là-bas que je me suis formée à l’accompagnement de ce type d’équipage et dans l’animation des séances sportives. J’ai été confrontée au cancer du sein de ma mère quand j’avais 17 ans. À l’époque, en 1982, toute activité qui sollicitait le bras était interdite. Quelle évolution depuis ! C’est en 1996 qu’un médecin canadien, le docteur Mc Kenzie, a découvert pour la première fois les bienfaits du canoë-kayak pour la santé.

Quelles sont les spécificités de votre projet ?

Je voulais d’abord qu’il soit à l’échelle départementale pour que toutes les femmes concernées de mon département puissent en profiter. J’ai donc présenté le projet au Comité départemental de canoë-kayak du Lot-et-Garonne, qui m’a soutenue. La deuxième priorité, c’était l’accessibilité financière. Ainsi, nous avons fixé l’abonnement annuel à 47 euros pour inciter les femmes à nous rejoindre. Grâce à ces conditions avantageuses, près de trente femmes font aujourd’hui partie de l’équipage.

"Ce sport contribue à lutter contre l’isolement social dont souffrent souvent les femmes après de longues périodes d’hospitalisation."

Quand vous entraînez-vous ?

Nous pagayons dans des canoës à 9 places sur le canal d’Agen, d’avril à octobre, les jeudis soir à partir de 18 heures. Parfois, nous participons à des rencontres amicales en France et même à l’étranger. Par exemple, en 2017, nous avons rejoint la course Vogalonga dans la lagune de Venise. L’hiver, nous pratiquons la gymnastique Pilates. Pour toutes nos activités, nous sommes soutenues financièrement ou par la mise à disposition de matériel par l’Institut Bergonié, le comité régional de canoë-kayak Nouvelle-Aquitaine et le Comité féminin 47.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle d’avoir été première lauréate de la Bourse du C.G.O.S ?

J’ai été très heureuse. J’ai eu le sentiment d’être reconnue dans mon engagement. Nous allons utiliser cette bourse pour financer l’aide à la pratique et poursuivre notre politique d’accessibilité financière.